A Dieu, Eddy

Le Père Eddy Jadot S.J. est décédé le 14 juin dernier. Notre association perd ainsi son père doublement fondateur, d’abord du JRS Europe puis du JRS Belgium. Avec lui, nous avons perdu aussi un ami qui personnifiait l’engagement pour la dignité des réfugiés, tant en Europe qu’en Asie. Est-ce dès lors un hasard si ses funérailles ont été célébrées le 20 juin, déclaré Journée mondiale des Réfugiés ?
Parmi les témoignages reçus pour rendre hommage à Eddy, nous épinglons celui du professeur et avocat Jean-Yves Carlier. « J’ai rencontré Eddy en 1987, dans le cadre des assises européennes sur le droit d’asile. Il participait souvent à des colloques et n’avait de cesse de vérifier que ce qui était proposé permettait bien de répondre à la détresse humaine. Il était également conscient que la charité ne suffit pas, et soucieux de la détérioration du droit d’asile et de la nécessaire amélioration de la condition des réfugiés. A sa demande, j’ai été chargé de 1992 à 1995 de la coordination d’une étude sur la notion de réfugié dans une quinzaine de pays. Le projet financé par le JRS, le HCR et l’Université de Namur, était pourvu d’un comité scientifique européen dont les membres ont cherché à pérenniser leur collaboration
scientifique sur la question des réfugiés. De là est né le réseau Odysseus, qui
réunit aujourd’hui des universitaires de tous les Etats membres de l’Union européenne. On peut donc dire que cet outil performant d’analyse et de formation constitue véritablement le prolongement de l’intuition d’Eddy Jadot.

Notre second témoin, Ward Kennes, a connu Eddy comme étudiant à Namur, au Centre religieux universitaire, avant d’être appelé à le rejoindre en 2004, comme d’assistant du premier directeur du JRS-EUROPE. « Nous devions construire de toutes pièces le réseau européen des différents bureaux nationaux. ans des pays tels que l’Italie ou le Royaume Uni, les équipes étaient déjà assez bien développées, mais dans d’autres pays, elles étaient limitées à une ou deux personnes.
Nous avions une réunion annuelle au niveau européen, où étaient présentées des situations et des méthodes de travail très diverses selon les pays, mais c’est un même esprit de service à l’égard des réfugiés qui nous liait. Dans certains pays, notre travail de plaidoyer (advocacy) auprès des gouvernements a bien tourné, à l’avantage des réfugiés, mais dans d’autres pays, c’était très difficile.
En tant que JRS-Europe, nous devions aussi bien sûr être attentifs aux processus de
décision au niveau de l’Europe, ainsi qu’aux travaux du Parlement européen.
Ce qui m’a beaucoup touché chez Eddy est le lien étroit qu’il faisait entre son engagement et la spiritualité ignatienne: l’endroit pour une prière commune au bureau, l’importance du discernement personnel pour attribuer à chacun sa place, son approche jésuite dans le recrutement des collaborateurs… Les dernières années de sa vie, Eddy Jadot était encore très engagé dans la ‘spiritualité du réfugié’. Le travail que j’ai pu faire avec Eddy en faveur des réfugiés continue à m’inspirer dans ma tâche de bourgmestre et de parlementaire. »

Pour nous, le meilleur hommage que nous puissions rendre à la mémoire du Père Eddy Jadot ne sera-t-il pas de poursuivre notre tâche (‘accompagner, servir, défendre’) avec le même zèle que lui?

Xavier DIJON et Baudouin VAN OVERSTRAETEN