#1jaarMahdi

D’un accord encourageant à une politique porteuse de perspectives ?

Le secrétaire d’état à l’asile et la migration, Sammy Mahdi, a récemment défendu son plan d’action pour la nouvelle année politique devant le parlement.

Le centre fermé de Merksplas

L’espérance était de mise à l’automne 2020, alors que la Belgique se dotait d’une « Vivaldi » qui attribuait le portefeuille de la migration aux chrétiens démocrates. Découvrant, avec prudence, l’accord de gouvernement, nous lui reconnaissions la fraicheur d’une tonalité nouvelle et positive : la politique migratoire devait être humaine et respectueuse des droits fondamentaux. Les mesures annoncées nous laissaient elles un sentiment clair-obscur. Si nous applaudissions l’annonce de la fin de la détention d’enfants et le renforcement de l’orientation des migrants, celle de la construction de nouveaux centres fermés nous laissait pantois.

Un an plus tard, force est de constater que de nombreux projets sont restés au stade de l’esquisse, la période ayant été traversée par des crises qui ont dilué l’action politique : grève de la faim des sans-papiers, chute de Kaboul et pénurie des places d’accueil pour les demandeurs d’asile. La gestion de celles-ci constituait une opportunité pour donner corps à cette politique humaine, respectueuse des droits fondamentaux. Elle aura significativement mis à mal ces engagements.

Au rang des mesures positives, nous retiendrons, avant tout, le dialogue entretenu entre le cabinet et la société civile. Le politique garde ainsi une oreille attentive à la réalité de terrain, ce qui nous apparait essentiel pour irriguer son action. Les initiatives découlant de l’accord de gouvernement nuancent aussi le tableau, les efforts pour augmenter la transparence et l’efficacité des procédures migratoires étant réels : recrutement de personnel, présentation du rapport d’activité de l’office des étrangers (OE) au parlement ou encore réécriture du code de la migration en bonne voie.

Gezinsbegeleiding - case management selon le JRS Belgium - © Kristien Vliegen

Un détournement de lexique a néanmoins été commis avec la mise en place de la procédure de retour proactive pour personnes sans-papiers dite « ICAM » (Individual Case Management Support). Celle-ci, à l’instar de notre projet Plan Together, se veut reprendre les méthodes du case management, mais semble négliger les possibilités de séjour.+ Elle parle d’accompagnement intensif et de recherche de perspectives durables, mais ne se donne pas les moyens de donner à ces termes leur pleine signification, encore moins de constituer une véritable alternative à la détention. Le case management ne peut en effet avoir lieu que dans un climat de confiance. Il nécessite de temps et une véritable pluralité de débouchées. En l’état actuel, la procédure ICAM à lieu dans les locaux de l’OE sous forme de trois rencontres et est axée sur le retour.

Le nouveau plan d’action reprend les grandes lignes du précédent. La création de nouveaux centres fermés nous apparait encore toujours aberrante à l’heure où le réseau d’accueil saturé est sous-financé et où la détention, inhumaine et dommageable – nous le constatons tous les jours – est au surplus inefficace et coûteuse.

L’espérance a donc, en cours de route, été rejointe par une certaine inquiétude lorsque l’on contemple le tableau actuel de la politique migratoire. Le JRS Belgium continuera à tenter d’y apporter sa touche et à œuvrer pour que des personnes ne se retrouvent pas enfermées simplement pour des raisons migratoires. Comme la loi l’indique déjà, la détention ne doit être qu’une mesure ultime. Cela nécessite le développement d’alternatives valables et passe, entre-temps, par la fin de l’enfermement des demandeurs d’asile et des personnes vulnérables que nous rencontrons encore bien trop souvent en centre fermé.