Arrêter la détention des migrants pendant la crise du Coronavirus

Dans une lettre adressée aux autorités belges, le JRS Belgique, en collaboration avec ses partenaires, demande qu’aucune nouvelle détention de migrants ne soit ordonnée. Nous insistons également pour que toutes les personnes actuellement détenues soient libérées. En effet, suite à la fermeture quasi généralisée des frontières, il est devenu impossible de mettre en œuvre un éloignement effectif dans les temps prévus, ce qui rend ainsi illégal le recours à la détention. L’incarcération était déjà jusqu’ici inhumaine et coûteuse, maintenant elle est aussi privée de son but.

En outre, il est devenu impossible d’enfermer des personnes conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la santé.
Partout dans le monde, les ONG réclament aujourd’hui l’arrêt des détentions. En France, le mécanisme de contrôle officiel des lieux de détention a constaté que "dans le contexte d’une forte réduction des vols internationaux, la perspective d’un rapatriement est illusoire ; d’où il s’ensuit que la détention n’a plus aucun fondement juridique".

Protéger également les personnes vulnérables

En temps de crise, un pays ne doit pas oublier de protéger les plus vulnérables. Or, les mesures plus strictes prises dans les centres de détention ont pour résultat que les détenus sont maintenant isolés du monde extérieur plus que jamais auparavant. Ils ne peuvent plus recevoir aucune visite de l’extérieur et n’ont pas accès à leur smartphone.

JPEG - 2.3 Mio

La détention commune oblige également les migrants à rester groupés dans le même bâtiment. Ils ont peur de s’infecter mutuellement. En outre, l’interdiction de visite ne garantit pas que le virus Corona reste à l’extérieur puisque les membres du personnel rentrent chez eux chaque jour et peuvent donc fort bien emporter le virus avec eux.

C’est pourquoi le JRS Belgique, de concert avec ses partenaires, demande la suppression - au moins temporaire - de la détention des migrants en raison de leur statut de séjour. L’Office des étrangers semble avoir déjà partiellement compris cette situation et a dès maintenant ordonné un grand nombre de libérations. Le journal De Standaard rapporte que plus de 200 migrants sans papiers ont déjà été libérés. Pour l’instant, cependant, l’Office n’ose pas prendre la mesure qui s’impose logiquement de suspendre les nouvelles détentions et de libérer les détenus actuels.

Pour les familles avec enfants qui vivent maintenant dans une « maison de retour », il existe un risque majeur pour leur santé si, une fois libérées, elles se retrouvent à la rue. Vu l’impossibilité de les faire séjourner dans le système d’accueil surchargé de Fedasil, nous demandons que, exceptionnellement, elles puissent rester dans ces maisons familiales jusqu’à la fin de la crise.

Fournir un abri d’urgence

Les ONG estiment également que, lorsque des libérations sont accordées, il faut veiller en outre à ce qu’un abri d’urgence soit disponible pour les personnes qui, par suite, se retrouvent dans la rue. L’accès aux soins de santé de base et à un abri est vital en temps de crise sanitaire. Lors de la crise de l’accueil en 2015, il a été fait appel à la Protection civile en Belgique, ce qui devrait être à nouveau possible aujourd’hui. Les organisations qui travaillent sur le terrain sont prêtes à y coopérer.

Les personnes en liberté qui demandent une protection (les demandeurs d’asile) doivent également être accueillies en toute sécurité. Même si nous comprenons la nécessité de limiter le nombre de personnes dans le centre d’accueil, il nous serait difficile d’admettre l’abolition complète du droit à la protection internationale.

Fournir des informations et garantir la sécurité

Nous savons par expérience que les gens qui ont été enfermés ont peur des autorités. Cet état de fait peut les amener à ne pas oser demander de l’aide lorsqu’ils tombent malades. Par conséquent, le gouvernement doit continuer à les informer sur le Coronavirus et leur garantir qu’ils ne seront pas à nouveau enfermés au cas où ils demanderaient de l’aide. Ainsi, les soins médicaux, le logement et la nourriture resteront un droit fondamental pour tous.
Vous trouverez ci-joint la lettre adressée sur tous ces sujets à Mme la ministre De Block, à l’Office des étrangers et à Fedasil.