Le rapport chiffré du Centre fédéral Migrations (Myria)

Davantage d’enfermements, moins de contrôle sur la politique de retour, et moins de retours

Dans son dernier rapport chiffré Myria donne un aperçu des principales tendances en matière de détention administrative des étrangers en 2018.

La ligne générale est sombre. On assiste à un moindre contrôle sur la politique de retour, il y a eu davantage de personnes détenues dans un centre fermé et il y a eu moins de retours. En comparaison de l’année précédente (2017), on constate une augmentation de 15 % de premières détentions dans les centres fermés ; en comparaison de l’année 2014, l’augmentation atteint même 47 %. Dans le même temps cependant, le nombre de retours, surtout des retours volontaires, est en diminution : jusqu’à 22 % en moins sur une seule année.

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Credit : Anaya Katlego

Quoique nous ne puissions pas tirer de conclusions trop hâtives d’un rapport général chiffré, il y a, derrière les chiffres, toute une matière à discussion.
Ce sont surtout les Érythréens, les Irakiens et les Soudanais qui sont massivement arrêtés par la police alors qu’un retour vers leur pays d’origine n’est pas possible. La situation en effet n’est pas sûre là-bas. Leur arrestation, s’inscrivant la plupart du temps dans la lutte contre ce qu’on appelle la migration de transit, aboutit souvent, par la force des choses, à une libération, après quoi la personne poursuit sa route. Du coup, les migrants eux-mêmes ne comprennent généralement pas pourquoi ils ont été enfermés.

A l’opposé de ces enfermements et des efforts déployés pour le rapatriement, on trouve un grand accueil de la part de familles hospitalières qui, parfois des années durant, mettent un lit à la disposition de leur hôte. Dans un environnement si hospitalier, l’enfermement provoque des traumatismes et de l’incrédulité, non seulement chez les migrants, mais encore dans les familles d’accueil.
Que 2020 puisse être l’année durant laquelle le nombre d’enfermements se met à baisser, l’année qui verrait le gouvernement belge investir davantage dans l’inclusion et l’hospitalité que dans la répression.