Accompagner selon Ignace

L’accompagnement de réfugiés et de migrants forcés est un des piliers du JRS. Les Exercices Spirituels d’Ignace, le fondateur des jésuites, sont aussi ‘accompagnés’. Celui qui fait les Exercices Spirituels est en conversation avec un accompagnateur, qui l’aide « à chercher et trouver la volonté de Dieu dans l’organisation de sa vie. » Pendant la rencontre de formation online de mars (une de nos rencontres-Vogelzang, ainsi nommées d’après le lieu où nous nous réunissons dans des circonstances normales) nous nous sommes demandé si les Exercices d’Ignace pouvaient nous apprendre quelque chose sur l’accompagnement des migrants.

La forme de base des Exercices Spirituels est une retraite de trente jours en complet isolement – une sorte de ‘détention’ volontaire. Dans un centre fermé des gens restent souvent beaucoup plus longtemps, mais ils réfléchissent autant sur de grandes questions vitales. L’enfermement et la menace de rapatriement bouleversent leur plans, et mettent en question le but de leur vie.
Dans ces circonstances tout se trouble chez un individu. Il est remué par divers ‘esprits’ dit Ignace : le bon esprit et le mauvais, ou l’anti-esprit. Le discernement de ces esprits est une des principales tâches de celui qui donne les Exercices, et peut-être aussi d’un visiteur du JRS.

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Dans un centre fermé il y a beaucoup de désolation : angoisse, incertitude, désespoir, frustration, agressivité, dépression, apathie etc. Dans ce cas, c’est surtout le mauvais esprit qui agit, il sème confusion et destruction. Le visiteur va écouter avec empathie et attirer l’attention sur les pièges de l’ « ennemi », comme Ignace nomme parfois le mauvais esprit.

Celui qui est confronté à une décision de retour forcé n’a pas beaucoup le choix, entre consentir au retour ou tenter le tout pour le tout : entamer une procédure judiciaire, demander l’asile, etc. Mais c’est toujours un processus difficile. Ignace dit que l’accompagnateur ne doit pas intervenir dans le choix. Il doit aider l’autre à voir clair dans ses mouvements internes et à ainsi prendre la bonne décision, mais lui-même doit rester au milieu ‘comme l’aiguille d’une balance’.

Il y a beaucoup de ressemblances entre notre accompagnement de migrants et celui des Exercices Spirituels. Dans les deux cas il s’agit d’une action profonde, radicale, qui peut changer complètement la vie de quelqu’un. La sagesse d’Ignace est précieuse, aussi pour le JRS.

Pieter-Paul Lembrechts s.j.
visiteur en centre fermé