Le JRS a de la chance

Les préférences apostoliques universelles des jésuites

Le Père Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, a décliné pour les dix années à venir des « préférences apostoliques universelles ». Elles sont formulées comme suit :
  montrer la voie vers Dieu à l’aide des Exercices Spirituels et du discernement ;
  faire route avec les pauvres et les exclus de notre monde ainsi qu’avec les personnes blessées dans leur dignité, en promouvant une mission de réconciliation et de justice ;
  accompagner les jeunes dans la création d’un avenir porteur d’espérance ;
  travailler avec d’autres pour la sauvegarde de notre « maison commune ».

En quoi cette initiative concerne-t’elle le JRS Belgium ? Il se fait que notre association vient de décider dans son cadre stratégique 2020-2024 de se concentrer sur l’accompagnement et la défense des réfugiés et migrants forcés en détention, ainsi que sur les alternatives à la détention. Elle est donc déjà dans la ligne de la deuxième préférence. Alors pourquoi aborder encore les autres ? Parce que, plutôt que de décréter un programme d’action, le Père général invite les compagnons, les œuvres jésuites et leurs partenaires laïcs à intégrer dans leur vie et dans leur travail ces quatre dimensions fondamentales, qui sont appelées à colorer leur engagement. Voyons les perspectives nouvelles que ces axes ouvrent au JRS Belgium.

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Notre ADN est d’aller aux périphéries

Notre engagement aux côtés des étrangers détenus s’inscrit dans la tradition jésuite d’aller aux périphéries, vers ceux qui sont les plus exclus. Nous mettons le migrant au centre de notre travail et suscitons sa confiance par une attitude de respect et d’écoute. C’est là l’ADN de notre association, la seule en Belgique à s’investir exclusivement dans l’accompagnement et la défense des réfugiés et migrants forcés en détention.

Dans ce mouvement de rejoindre les exclus, nous souhaitons faire place à la dimension spirituelle, à l’accompagnement des jeunes et convertir nos modes de vie et de travail afin de préserver l’environnement.
Quelle place pour la spiritualité ?

Nos visiteurs en détention ne sont pas chargés d’une mission pastorale, ce ne sont pas des aumôniers, même s’ils seront attentifs à toute demande de soutien formulée par un détenu. La dimension spirituelle se veut toutefois bien présente au sein de l’équipe. Outre des temps de formation également ouverts à nos volontaires, elle se manifeste dans le temps de silence et de mise en présence qui ouvre chacune de nos réunions, dans l’attention portée à la relecture de notre travail et dans la réflexion sur la manière dont nous nous laissons inspirer au moment de prendre nos décisions.

Comment ouvrir le JRS aux jeunes ?

Depuis longtemps le JRS Belgium a porté son témoignage sur la détention administrative dans les classes supérieures des collèges jésuites. Nous pensons maintenant à élargir notre groupe de volontaires aux jeunes étudiants. Comme nos volontaires sont nos premiers ambassadeurs, leur implication à nos côtés nous permettra naturellement de toucher un public plus jeune, tout en nous invitant à renouveler notre message et nos modes de communication. Sans doute une étape complémentaire sera t’elle que notre association en arrive aussi à accompagner les jeunes vers un avenir qui fasse sens.

Le soin de notre « maison commune »

La préoccupation environnementale repose pour le JRS Belgium sur un incitant supplémentaire, celui de la prévention de la migration climatique. Il n’est que trop évident en effet que les habitants de l’hémisphère Sud - tout comme les plus pauvres de chez nous d’aileurs - sont les premières victimes du dérèglement climatique. Comment alors être cohérents et totalement solidaires avec eux ?

Au quotidien, le JRS favorise les déplacements en transport en commun. Le personnel bénéficie en effet d’un remboursement intégral des abonnements de train-tram-bus pour les trajets domicile-travail. Les travailleurs et volontaires sont par ailleurs invités à privilégier l’usage des transports en commun pour leurs visites en détention, même si l’éloignement et l’isolement des centres fermés et autres maisons de retour rend cet objectif plus difficile à réaliser. A défaut, le recours au car sharing est privilégié.

La mise en œuvre des principes du développement durable se révèle toutefois un vrai défi au niveau de la collaboration avec les différents bureaux nationaux qui constituent le JRS Europe, et en particulier quant au changement des mentalités par rapport à l’usage systématique de l’avion pour participer aux rencontres internationales.

Nous sommes également attentifs à la manière de placer nos liquidités, dès lors que les placements financiers sont loin d’être neutres quant à la préservation d’une vie également digne sur cette terre. Nous veillons donc à ce qu’ils s’inscrivent dans la transition vers une économie socialement juste et neutre d’un point de vue climatique, et respectent les critères de responsabilité sociale les plus stricts.
Il n’y a pas à dire, le JRS a de la chance de se voir proposer un horizon de pensée et d’action aussi riche.

Baudouin Van Overstraeten
directeur JRS Belgium