Journée mondiale des réfugiés

Doit-on encore prêter attention aux réfugiés dans les années ’20 ?

La migration est aussi vieille que l’humanité. Au cours des dernières années, des bouleversements de nature socio-politique et économique ont poussé nombre de personnes originaires de certaines parties du monde à entreprendre des voyages périlleux afin de trouver refuge et sécurité. Certaines de ces « vagues migratoires » ont engendré des controverses dans les pays d’accueil. Le JRS souhaite rappeler, en cette journée mondiale des réfugiés, les difficultés auxquelles les personnes dans le monde entier sont confrontées et le pouvoir de l’hospitalité.

Pourquoi y a-t-il encore des réfugiés en 2021 ?

Un pourcent de la population mondiale se retrouve encore loin de chez elle. La majorité des réfugiés viennent de Syrie. 6,7 millions d’entre eux sont des déplacés internes, en Syrie même, d’après les estimations du Council on Foreign Relations et 5,6 millions ont fui le pays afin de trouver refuge dans les pays frontaliers que sont la Turquie, le Liban ou la Jordanie. Beaucoup risquent leur vie en tentant de rejoindre l’Europe par la mer Méditerranée et nombreux sont ceux qui en gardent des traumatismes psychologiques durables.

La République centrafricaine a été confrontée, au cours de la dernière décennie, à des tensions ethniques, une instabilité politique, de la corruption et au moins 10 coups d’état. La violence entre les factions Seleka (un groupement rebelle) et les milices anti-Balaka y a fortement augmenté au cours des dernières années dans la région centrale du pays – une région où les inégalités économiques et sociales sont criantes et où les autorités n’ont qu’un contrôle limité -. Ces tensions ont généré une fuite massive des habitants vers des pays frontaliers comme le Cameroun.

Le Cameroun est quant à lui frappé d’instabilité due à la crise de ‘l’Ambazonie’. Cette région anglophone du pays se soulève en effet contre la domination du gouvernement majoritairement francophone depuis les années 1960. 600,000 personnes ont fui le pays vers le Nigéria, l’Europe ou encore les Etats-Unis. Cela fait maintenant quatre ans que la crise dure.

Les Palestiniens vivent sous occupation et sont privés des droits humains et libertés les plus élémentaires. Des milliers d’entre eux ont quitté leur territoire pour trouver asile dans les pays voisins ou en Europe, fuyant les violences qui ont débuté en 1948.

Au Myanmar aussi plus d’un million de personnes ont dû fuir le pays. Le peuple Rohingya y souffre de discriminations et violences depuis longtemps et la situation a dégénéré en conflit armé en août 2017 dans l’état de Rakhine, poussant plus de 700,000 Rohingya vers le Bangladesh. Cette crise a engendré un des plus importants et rapides déplacements migratoires dans l’histoire récente. Les Rohingya, un groupe ethnique principalement musulman vivant dans un pays à majorité bouddhiste, échappent à ce que les Nations unies ont qualifié de violence génocidaire qui succède à une décennie de persécutions et de violations de droits humains. 880,000 Rohingya vivent à présent dans le camp de Kutupalong, le plus grand et densément peuplé camp au monde. Environ la moitié de ses habitants sont des enfants.

La mort de Mouammar Kadafi en 2011 a eu pour conséquence de générer un combat politique en Libye qui engendre chaos et instabilité. Des factions armées ont émergé et sont responsables de la mort de milliers de personnes. Des milliers d’autres personnes ont dû fuir vers les pays voisins tandis que d’autres ont tenté la croisée vers l’Italie. C’est le cas aussi plus d’un million de migrants qui sont arrivés en Libye en ayant traversé le Sahara et qui espèrent se frayer un chemin jusqu’en Europe. Ces migrants africains sont confrontés à des situations inhumaines de la part des autorités libyennes et se voient contraintes de payer des sommes importantes en échange de la promesse de pouvoir embarquer dans des bateaux en direction de l’Italie. Ces tentatives de croisée en mer Méditerranée ont couté la vie à des milliers de personnes.

Malgré des contrôles stricts aux frontières, des réfugiés, principalement issus d’Amérique latine, essayent aussi de rejoindre les Etats-Unis. Des milliers d’entre eux qui arrivent à entrer aux Etats-Unis sont chaque année enfermés et rapatriés. Le président Joe Biden a promis de mener une politique migratoire plus humaine et a fait la promesse de régulariser chaque année la situation de plus de 62,000 réfugiés.

Survivre grâce aux réfugiés

Les évènements décrits ci-dessus témoignent de l’inimaginable souffrance de personnes qui se retrouvent forcées de fuir leur pays. Et pourtant les réfugiés ne sont pas uniquement des victimes. Ils contribuent à la prospérité de leur pays d’accueil quand ils reçoivent l’opportunité de contribuer à la société.

Un exemple anecdotique : dans le camp Zaarari en Jordanie, des réfugiés ont développé et construit un prototype robot avec des briques LEGO. Ce robot distribue automatiquement du désinfectant, grâce à un système de capteurs.

En Europe, au cœur de la crise du coronavirus, bon nombre de réfugiés ne sont pas restés les bras croisés dans l’attente d’aides sociales. Ils se sont retroussé les manches et ont été remarquablement actifs dans des sociétés de nettoyage, des maisons des retraites et des professions médicales. Ou comme Sadou de la vidéo, dans les cuisines.

Source : JRS Europe

Moins de réfugiés, plus de répression

Beaucoup moins de réfugiés sont arrivés en Europe durant la pandémie. Le nombre d’arrivées est en fait redescendu au chiffre le plus bas depuis 2008. Ceux qui sont arrivés ont eu longtemps beaucoup de mal à demander l’asile car cela devait se faire de manière digitale et beaucoup ne comprenaient pas la procédure. L’Europe a entre-temps continué à renforcer les contrôles aux frontières avec des technologies « modernes » comme les canons à bruit qui ont été installés à la frontière grecque. En Belgique, le gouvernement continue de travailler au « masterplan détention » qui doit résulter en plus d’enfermements et de retours forcés que jamais (ce plan prévoit de doubler la capacité des centres fermés). Le gouvernement s’est pourtant engagé à mener une politique plus humaine.

La pandémie – un tournant ?

La crise sanitaire actuelle semble augmenter la contre productivité d’un système déjà superflu. Le taux d’occupation des maisons de retour et des centres fermés est tombé à un niveau très bas au cours de la dernière année. Ceci démontre qu’il y a eu moins d’arrestations menant à des rapatriements. Le gouvernement pourrait profiter de l’occasion pour réfléchir à des solutions plus humaines où la détention de migrants n’est plus systématique.

Prenons un moment, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, pour nous arrêter sur les difficultés auxquelles les réfugiés du monde entier sont confrontés et réfléchir à ce que l’on peut faire afin de leur donner la force de travailler à un avenir durable.

Voulez-vous célébrer cet été de relance en apportant votre soutien aux réfugiés ? Vous pouvez le faire en effectuant un dépôt sur le numéro de compte BE40 5230 8069 3163 ou via cette page.